Il y a des choses qu'on ne dit pas. Des pensées qui tournent en rond dans la tête, des émotions qu'on étouffe derrière un sourire, des vérités qu'on garde enfouies, bien loin sous la surface. On croit qu'on les contrôle, ces mots non prononcés, mais ils finissent par créer une sorte de bruit de fond. Ce bourdonnement intérieur, qui parfois nous empêche de trouver le sommeil, de vraiment respirer, de se sentir léger.
Et pourquoi on se tait, finalement ? Par peur de blesser, peut-être. Parce qu’on ne veut pas créer de vagues, perturber une fausse harmonie. Ou peut-être parce qu’on se dit que ce qu’on ressent, ce n'est pas si important, que ça va passer, que le temps arrangera les choses. Mais souvent, ce n'est pas le temps qui guérit, c'est la parole. C'est cet instant où, enfin, on ose ouvrir la bouche et libérer ce qui pèse.
Je pense qu’on a tous ce genre de moments, où l’on se sent coincé dans sa propre tête, prisonnier de ses propres émotions. Un silence qui s’installe entre nous et les autres, parfois imperceptible mais bien présent. C’est une distance qu’on ne veut pas vraiment, mais qui s’impose quand on ne dit pas ce qu’on a sur le cœur. Et ça peut être des petites choses, comme ces insatisfactions du quotidien, ou des choses bien plus profondes, comme des regrets, des blessures du passé qu’on n’a jamais pris la peine de partager.
On se dit que c’est plus simple comme ça. Mais c’est faux. C’est un mensonge qu’on se raconte. Parce que la vérité, c’est que chaque non-dit s’infiltre dans nos relations. Il crée des malentendus, des tensions invisibles, des fossés qu’on ne sait plus comment combler. Le jour où on se décide à parler, parfois, il est trop tard. Le lien s’est distendu, la confiance s’est effritée, et on se retrouve seul avec ces mots qui ne trouvent plus d’oreilles pour les écouter.
Il y a cette idée que parler, c’est risquer. Risquer d’être mal compris, risquer de tout faire éclater. Mais garder le silence, c’est risquer bien plus encore. C’est risquer de passer à côté de soi-même, de ses propres besoins, de ses propres désirs. C’est risquer de ne jamais vraiment être vu pour qui l’on est. C’est étouffer ses propres envies, sa propre voix. Et ça, ça finit par ronger de l’intérieur.
Il y a des moments dans la vie où il faut choisir de dire ce qu’on a sur le cœur. Pas parce qu’on cherche la confrontation, mais parce qu’on cherche la vérité. La vérité de ce qu’on ressent, la vérité de ce qu’on est. Parce que se taire, c’est parfois comme s’abandonner soi-même. On croit qu’on protège les autres, qu’on protège la relation, mais en vérité, on se cache. On se cache derrière des silences, des compromis qui n’en sont pas vraiment. On devient des fantômes de nous-mêmes.
Peut-être que toi aussi, tu as ces mots coincés quelque part. Ces phrases que tu te répètes, seul, dans ton lit la nuit. Ces émotions que tu n’oses pas exprimer, par peur de ce qu’elles pourraient provoquer. Peut-être que tu crois que ça va passer, que tu finiras par t’habituer. Mais on ne s’habitue jamais vraiment au manque de soi. On ne s’habitue jamais vraiment à l’idée de se trahir pour préserver un équilibre qui, au fond, est déjà fragile.
Je ne dis pas que parler est facile. Non, ça demande du courage. Ça demande de regarder la vérité en face, même quand elle fait mal. Mais ce courage-là, il vaut plus que toutes les fausses certitudes. Il vaut plus que ces petits mensonges qu’on se raconte pour ne pas avoir à affronter ce qui ne va pas. Parce que parler, c’est se donner une chance. Une chance d’être soi-même, pleinement. Une chance de renouer avec l’autre, aussi. Même si c’est douloureux, même si ça demande de bousculer un peu le confort du silence.
Alors peut-être que ce texte te parle. Peut-être que tu te reconnais dans ces silences, dans ces non-dits qui finissent par peser trop lourd. Peut-être que tu sais qu’il est temps de parler, même si tu ne sais pas encore comment faire. Je crois que tout commence par une petite phrase. Une phrase simple, qui dit juste : "Il faut qu’on parle". Parce qu’au fond, c’est de ça qu’il s’agit : se reconnecter, dire ce qu’on ressent, avant que le silence n’ait tout englouti.
On a tous le droit de se taire, bien sûr. Mais on a aussi le droit de parler. On a le droit de dire : "Voilà ce que je ressens, voilà ce que je pense, voilà ce que je suis". Et ce droit-là, il ne faut pas l’abandonner. Parce que c’est en parlant qu’on se retrouve. C’est en parlant qu’on existe.
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