Le doux son du tissage du tambour résonne à travers les jours où Jessica, ma femme, et moi-même, Pascal Ivanez, nous sommes plongés dans la magie de la création. Avant même d'entamer le délicat processus de tissage, j'avais consacré du temps à polir minutieusement le cerclage, assurant ainsi une base parfaite pour notre instrument.
Les peaux, soigneusement sélectionnées, ont trempé pendant plusieurs jours, absorbant la vie et l'énergie nécessaire pour donner naissance à des mélodies captivantes. Jessica, habile tisserande du tambour et moi-même, sommes attelées avec passion à cette étape cruciale. Chaque drisse entrelacée raconte une histoire, une histoire tissée avec amour et dévouement.
Lorsque le tambour a révélé son visage final, Jessica a pris le relais avec sa palette créative. Chaque centimètre carré du tambour est devenu une toile pour son expression artistique. Des motifs symboliques aux couleurs vibrantes, elle a insufflé une âme visuelle à notre création musicale.
Dans la quête de la création, le choix des couleurs devient une danse entre l'imagination et la palette infinie de possibilités, permettant aux couleurs de parler leur propre langage.
Les drisses ont été sélectionnés avec soin, chacun portant en lui une signification particulière. Les nuances profondes évoquent les émotions, les teintes vives évoquent l'énergie, et les dégradés doux reflètent l'harmonie des sons qui émanent du tambour. Les couleurs, tels des pinceaux magiques, ont commencé à peindre ou plutôt tresser une histoire visuelle, ajoutant une dimension supplémentaire à notre création.
L'acte de choisir les couleurs est plus qu'une simple décision esthétique, c'est une exploration artistique. Chaque drisse est une note dans notre partition visuelle, chaque combinaison une symphonie de sensations visuelles. Jessica laissant parler son intuition, mêlant habilement les couleurs pour créer des tableaux visuels qui prolongeraient le chant des tambours.
Dans cet espace de créativité débridée, chaque tambour devient une œuvre textile unique, reflétant non seulement notre connexion avec la musique, mais aussi notre lien avec la palette infinie de l'expression artistique à travers les drisses de tissage. Ainsi, le choix était bien plus qu'une décision artistique, c'était une célébration de la diversité et de l'imprévisibilité de l'art, où la créativité est le guide et les cordes sont les instruments vibrants de notre symphonie visuelle.
Pendant ce temps, mes mains se sont affairées à donner vie aux accessoires indispensables à notre ensemble musical. Les mailloches et les maillochets, forgés avec précision, sont devenus l'extension de notre expression artistique. Choisir le bois parfait, sculpter avec minutie, et ajuster les moindres détails pour créer des outils qui répondent à nos besoins musicaux uniques.
En façonnant le bois ou le bambou, je parcours les fibres avec une délicatesse attentive, suivant les courbes naturelles de ces matériaux nobles. Chaque mouvement de mes mains est une danse harmonieuse avec la structure du bois ou la souplesse du bambou, une exploration tactile qui révèle les secrets que ces fibres renferment.
Le bois, robuste et plein de caractère, se plie à ma volonté, mais seulement dans la mesure où je respecte sa nature intrinsèque. En suivant les veines du bois, je découvre son histoire, ses années de croissance exprimées à travers des motifs uniques. Chaque coupe est une rencontre avec le passé, chaque sculpture une conversation avec le présent.
Le bambou, quant à lui, offre une flexibilité gracieuse à mes mains. En parcourant ses cannelures, je ressens la vitalité de cette plante agile. Les courbes du bambou deviennent une extension naturelle de ma créativité, chaque mouvement révélant la beauté intrinsèque de sa forme organique.
À travers ce processus de façonnage, je ne suis pas simplement un artisan, mais un interprète, traduisant la symphonie des fibres en une œuvre d'art fonctionnelle. Les courbes que je trace dans le bois ou le bambou ne sont pas simplement esthétiques, elles sont une expression de la collaboration entre la nature et la créativité humaine, une fusion où chaque ligne raconte une histoire de transformation et d'harmonie.
Certains tambours ont dû être repris, car leur chant ne trouvait pas l'harmonie désirée. La quête de la perfection musicale n'est pas toujours une ligne droite, mais plutôt un voyage rythmé par la patience et la recherche constante de la mélodie parfaite.
Les tambours, malgré toute l'attention portée à leur création, sont parfois capricieux dans leur expression sonore. Certains ont exigé des ajustements supplémentaires, une fine-tuning méticuleuse pour atteindre la justesse et la résonance souhaitées. C'est dans ces moments de reprise que notre dévouement à l'art s'est révélé plus crucial que jamais.
Chaque reprise était une leçon, une occasion d'affiner notre compréhension de la matière, du son et de la magie qui opère entre eux. Nous avons écouté attentivement, cherchant à comprendre les murmures et les protestations de chaque tambour. Ces moments de réajustement ont renforcé notre lien avec nos créations, ajoutant une profondeur supplémentaire à l'histoire tissée dans chaque fil du tambour.
Ainsi, même dans les moments de reprise, nous avons découvert que la musique réside autant dans la quête que dans le résultat final. Chaque tambour, qu'il ait nécessité une reprise ou non, porte avec lui une partie de notre aventure artistique, une mélodie qui continue de se développer et d'évoluer au fil du temps.
Ce weekend de création n'était pas simplement une séance d'artisanat, mais une célébration de la musique, de l'amour et de la collaboration. Chaque battement résonne avec l'essence de notre engagement envers l'art, une symphonie tissée dans le fil du temps et de la créativité.
Notre art de tisser va bien au-delà des tambours ou du bois; il s'étend sur la trame même de l'architecture, que ce soit celle de l'être humain ou de Gaïa elle-même. Comme des tisserands de l'existence, nous explorons les fils subtils qui entrelacent le spirituel, le physique, et le terrestre.
Dans la création de nos tambours et dans la sculpture du bois ou du bambou, nous percevons une résonance avec les rythmes de la vie. Chaque geste, chaque fil, chaque courbe devient une métaphore de notre relation avec le monde qui nous entoure. Tout comme les fibres du bois ou les cannelures du bambou portent l'histoire de leur croissance, nous cherchons à comprendre et à tisser avec les histoires inscrites dans les tissus de l'humanité et de la Terre.
En explorant la trame de l'architecture humaine, nous nous aventurons dans les liens complexes qui unissent les pensées, les émotions, et les expériences. Tout comme les tambours résonnent avec des vibrations uniques, chaque individu porte en lui une mélodie personnelle, un motif qui s'entrelace avec la grande tapisserie de la vie.
Dans le tissage de Gaïa, nous reconnaissons la connexion profonde entre l'homme et la nature. Chaque écosystème est une œuvre d'art complexe, une trame où les plantes, les animaux, et les éléments coexistent dans une danse harmonieuse. Notre rôle en tant qu'artisans de cette grande toile est de respecter, protéger, et tisser avec la Terre, contribuant ainsi à la pérennité de cette œuvre d'art vivante.
Ainsi, notre art de tisser ne se limite pas à la création matérielle, mais s'étend à la création d'une compréhension plus profonde, d'une connexion plus riche avec toutes les dimensions de l'existence. Chaque fil tissé, que ce soit dans un tambour, une sculpture de bois, ou dans la trame de la vie elle-même, est une célébration de notre rôle en tant que tisserands conscients, contribuant à la symphonie universelle.
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