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Photo du rédacteurPascal Ivanez

Quand le virtuel prend le dessus sur le réel

Il y a cette drôle d’habitude qui semble être devenue presque normale, cette manie de capturer chaque instant avec le téléphone, comme si le moment réel ne comptait plus sans être figé dans l’objectif pour les réseaux. C’est comme un rituel : on prend le temps de choisir l’angle, de régler la lumière, de s’assurer que tout est "instagrammable". Et toi, là-dedans, tu attends, tu observes, parfois un peu perdu entre la scène que l’autre crée et le moment que tu aurais voulu simplement partager.


Tu t’es sûrement déjà retrouvé dans cette situation, face à quelqu'un plus absorbé par son écran que par ce que vous êtes en train de vivre ensemble. Ce n’est pas de l’ennui, non, mais plutôt une drôle de frustration. Une sorte de décalage, comme si tu n’étais plus vraiment là pour partager le moment, mais juste pour en être le décor. Tu pourrais même en rire, parfois, mais à force, ça devient lassant. Ce que tu aurais voulu, c’était un instant où l’autre te regarde dans les yeux, où il te parle, où il est présent.


Au début, tu patientes, tu te dis que c’est rapide, que ça va passer. Mais peu à peu, tu te retrouves à guetter ces moments de “connexion réelle”, à espérer qu’ils soient un peu plus nombreux. Sauf que chaque fois, c’est la même scène qui se rejoue : le téléphone est là, omniprésent, et toi, tu te retrouves en second plan. Ce n’est plus seulement une question d’attendre, mais une sensation d’être relégué à une place que tu n’as pas choisie, comme un figurant dans un film dont tu n’es même pas le personnage principal.



Il y a un truc bizarre qui se passe avec ces réseaux sociaux. Ils sont censés rapprocher, partager, connecter, mais à quel moment ont-ils pris le dessus sur la vraie vie ? Quand est-ce qu’on a commencé à privilégier le “virtuel” au détriment du “réel” ? Parfois, ça te donne l’impression que le monde tourne un peu à l’envers, que l’écran est devenu une barrière entre vous. Tu te surprends même à envier ces moments où elle est vraiment présente pour les autres, pour ses abonnés, alors que toi, tu es juste là, en train de la regarder se connecter… mais avec eux, pas avec toi.


Et il y a ce petit quelque chose qui pique, cette idée que l’écran passe avant toi. C’est comme un rappel que chaque clic, chaque photo prise, c’est un morceau de présence en moins dans le moment. La vraie présence, celle où l’on partage, où l’on se parle sans interruption, où l’on se regarde. Mais peut-être que tout ça, c’est juste une habitude qu’on peut réapprendre à laisser de côté. Peut-être qu’un jour, il suffira de poser le téléphone pour revenir à l’instant, pour retrouver cette connexion, celle qui n’a pas besoin de filtres ou de likes.


Alors, tu te demandes comment remettre un peu de “vrai” dans tout ça. Comment redonner à l’instant sa place, comment profiter sans se sentir comme un objet de décor pour une scène qui finira en carré parfait sur Instagram. Parce qu’au fond, ce que tu voudrais, c’est simple : pouvoir vivre ces moments sans filtre, sans attente, juste avec elle, avec ses yeux dans les tiens, et le monde autour comme il est, brut, vivant, imparfait. Ce serait chouette, non ? Remettre l’écran dans la poche, lever les yeux, et revenir au monde, celui qu’on partage vraiment, sans filtre, celui qui est là pour de vrai.

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