Je crois qu’on est nombreux à avoir vécu ce genre de relation, celle qui ressemble d’abord à une tornade passionnelle. Ça commence avec des regards qui s’embrasent, des paroles qui touchent au cœur, et des promesses qu’on se fait sans même les dire. On se dit que cette fois, c’est la bonne, que cette personne a un « truc » qui manque aux autres. On y croit, et on s’y plonge, sans vraiment regarder où on met les pieds. Mais au fil du temps, une autre réalité s’installe. Ce qu’on pensait être une lumière devient une ombre qui nous recouvre. On se découvre vidé, épuisé, comme si chaque parcelle de nous avait été consommée par cette relation.
Dans ce type d’amour, on se sent parfois plus seul qu’avant de s’y engager. On s’éloigne de soi-même sans même s’en rendre compte, comme si, pour aimer l’autre, on devait laisser de côté des bouts de notre propre vie. Peu à peu, on se surprend à marcher sur des œufs, à se conformer à ce que l’autre attend. Et on continue, pensant que c’est normal de faire des concessions. Mais au fond, on se perd.
L’amour, le vrai, celui qui élève et qui nourrit, n’est pas censé nous avaler tout cru. Il est censé nous donner des ailes, pas nous couper les jambes. Pourtant, quand on est pris dans ce tourbillon, on se laisse emporter par l’illusion que tout ça fait partie du « jeu ». On s’invente des excuses, on se dit que l’amour, c’est aussi le sacrifice, l’adaptation, même quand ça devient douloureux. Et quand on en sort, on se demande comment on a pu se perdre à ce point. On réalise qu’on était davantage amoureux de l’idée d’aimer que de la personne elle-même.
C’est là qu’il faut apprendre à aimer sans se perdre. À aimer sans abandonner notre essence, notre cœur, notre vérité. À comprendre que l’amour ne devrait jamais être une question de sacrifice total, de dévotion à sens unique. Quand on aime pour de vrai, l’amour nous ressemble ; il est la continuité de ce que l’on est, pas l’effacement de soi. La passion, quand elle est saine, n’aspire pas tout sur son passage. Elle laisse de l’espace pour respirer, pour grandir, pour continuer d’avancer en tant qu’individu. Elle ne nous vide pas de notre énergie, elle nous en donne.
Apprendre à aimer sans se perdre, c’est aussi accepter que l’amour ne doit pas être parfait pour être authentique. Ce n’est pas dans les grands élans que se construit un lien solide, mais dans les petites choses, les regards honnêtes, les moments de vulnérabilité partagée. C’est dans le respect de ce que chacun est, dans l’espace qu’on se laisse mutuellement pour être soi, que naît un amour qui dure.
Alors oui, l’amour peut avoir des allures de grande passion, de feu brûlant, mais il ne doit jamais être celui qui nous consume. Aimons sans nous effacer, aimons sans perdre notre cap. Parce que le plus bel amour est celui qui nous ressemble, et qui nous laisse libres d’être pleinement nous-mêmes.
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