On se retrouve parfois à regarder le monde, et à se dire qu'on est, peut-être, un peu à part. Je suis là, avec mes pensées, mes manies, mes passions qui détonnent et mes failles que je porte comme des cicatrices visibles et invisibles. Parfois, cette différence, je la ressens comme une étrangeté ; c’est comme si j’avançais à contre-courant, les autres dans une direction et moi… ailleurs.
J'ai souvent cherché à comprendre : pourquoi cette bizarrerie ? Est-ce que je suis censé la lisser, la masquer pour ne pas dénoter ? Mais il y a en moi cette voix, ce murmure qui me dit que c’est précisément dans cette bizarrerie que se cache mon essence. Et en me posant là-dessus, je me demande souvent : qu'est-ce qui se passerait si on acceptait enfin de faire selon notre nature, sans essayer de plaire, sans tenter de correspondre à ce que les autres attendent ? Ce serait peut-être là un vrai acte de liberté, une révolution silencieuse.
Et puis, il y a ce moment, cette sensation familière mais intense qui remonte parfois à la surface, comme une chaleur douce qui envahit mon cœur. C’est un mélange d’angoisse et de soulagement, un vertige doux-amer qui me rappelle que je ne suis pas comme tout le monde, et que c’est probablement la meilleure chose qui me soit arrivée. Et pourtant, ce n’est pas toujours simple. Il y a cette petite voix du doute qui me lance ses questions insidieuses : "Et si tu t'éloignais trop ? Et si cette différence finissait par te couper des autres ?”
Ces pensées-là me traversent souvent l’esprit, comme un passage d’ombre qui vient te questionner dans ta vérité. Et puis, il y a ce moment où la lumière revient, où je me dis que non, je ne suis pas seul à me sentir comme ça. On est tous, quelque part, un peu bizarre, un peu étranger. Chacun à sa manière. Dans ce monde qui tente de nous façonner dans des moules, c’est notre bizarrerie qui nous relie, notre capacité à être ce que l’on est sans chercher à effacer nos aspérités.
C’est parfois dans un silence intérieur, dans un moment de vulnérabilité, que je ressens au plus profond de moi que cette bizarrerie, elle est précieuse. Elle est là, comme une flamme unique qui ne demande qu’à danser. Et dans ce mouvement, dans cette liberté de pouvoir agir en fonction de ce qui me paraît juste, il y a un sentiment de plénitude. C’est presque comme une chaleur rassurante qui te dit : “C’est ça, sois toi-même, même si ça ne fait pas sens pour tout le monde.”

Au fond, ce sont ces bizarreries qui rendent la vie plus riche, plus sincère. C’est grâce à elles qu’on se retrouve, qu’on se découvre, qu’on s’accepte et qu’on évolue. Peut-être que la seule façon de vraiment se sentir complet, c’est de ne plus se battre contre soi-même, de ne plus chercher à lisser les angles mais de faire avec. De faire selon notre bizarrerie. Et d’accepter que cela dérange, que cela interroge ou même inquiète parfois les autres.
Alors, oui, je vis avec mes différences, et chaque jour je m’efforce de ne pas les masquer. Parce que ces petites folies, ces "étrangetés", sont bien plus qu'un détail ; elles sont la partie la plus vivante, la plus libre de moi-même. C’est en les embrassant que je trouve cette paix qui ne dépend pas du regard des autres, mais seulement de ma capacité à être en accord avec ce qui vibre en moi.
En lisant ces lignes, peut-être que toi aussi, tu te retrouveras dans cette sensation de nager à contre-courant, d’être en décalage avec le monde. Je te le dis : laisse briller ta bizarrerie. Fais avec elle, construis autour d'elle, parce que c’est ça, au fond, qui fait de toi un être entier.
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