top of page

L’infantilisation et la perte de concentration à l’ère des réseaux sociaux

Il y a quelque chose de franchement absurde dans la façon dont les réseaux sociaux ont redessiné nos vies. On se retrouve tous, d'une manière ou d'une autre, pris dans un jeu où chaque contenu doit être percutant, rapide, et attrayant dès les premières secondes. Les algorithmes ont dressé un cadre où tout ce qui dépasse quelques secondes ou quelques lignes risque de passer à la trappe. Et pour garder l’attention de ce grand public virtuel, il faut simplifier, presque jusqu’à l'infantilisation. Comme si on s’adressait à des enfants de quatre ans qu’il faut tenir par la main pour chaque information ou chaque idée.


Ce jeu de course aux "likes" et aux partages est façonné par une mécanique implacable qui préfère les formats brefs, légers, et surtout, faciles à digérer. Pas le temps de développer un propos, de plonger dans un sujet : il faut que ça capte vite, que ça défile encore plus vite. Alors, on finit par créer des contenus qui manquent de profondeur, juste pour répondre à cette demande d’immédiateté. Et peu à peu, c'est nous qui nous adaptons à ce rythme, et non l'inverse.


Le vrai problème, c'est ce que cette dynamique fait à notre attention et à notre capacité de concentration. Avec cette habitude de zapper sans arrêt, on devient incapables de rester concentrés longtemps. Dès qu’il y a quelque chose de plus dense, de plus lent, notre esprit s’agite, cherche à passer à autre chose. Lire un texte un peu long, regarder un documentaire sans interruption, s'absorber dans un livre... Tout cela devient presque un défi. Comme si notre cerveau n'était plus entraîné à rester présent, à s'immerger vraiment dans ce qu'il fait.



Et il ne faut pas se leurrer, cette perte de concentration ne reste pas confinée à notre consommation de contenu. Elle s’infiltre dans notre quotidien, elle change notre façon de percevoir la réalité, de nous connecter aux autres et à nous-mêmes. On perd cette profondeur de réflexion, ce goût de se poser des questions plus larges, d'explorer vraiment une idée. On perd aussi un peu de cette intelligence émotionnelle, celle qui nous aide à ressentir pleinement chaque moment, chaque échange, chaque émotion.


En adoptant cette habitude du "vite fait, bien fait", on finit par laisser de côté notre capacité d’attention, de patience et de réflexion profonde. Et la vie, elle, ne s’apprend pas en zappant. Elle demande qu'on s'y plonge, qu'on prenne le temps de la comprendre et de l'apprécier pour ce qu’elle est. Ce besoin constant d'être "stimulé" par des images, des vidéos, et des phrases accrocheuses nous éloigne de notre vraie nature, celle qui sait savourer les moments, qui sait réfléchir et ressentir au-delà du superficiel.


Alors, peut-être qu’il est temps de reprendre un peu le contrôle, de retrouver ce goût de l’attention et de la concentration, de réapprendre à se perdre dans une lecture, dans une pensée, dans une conversation sans chercher immédiatement une "distraction". Parce que l’absurdité n'est pas seulement dans les contenus enfantins que les réseaux sociaux nous poussent à consommer ; elle est aussi dans cette perte de nous-mêmes, de notre capacité à vivre pleinement chaque instant, sans toujours chercher la prochaine chose qui capturera notre regard.

Comments


bottom of page