Alors, tu vois, souvent quand on parle de blessures ou de traumas, on a cette idée qu'il faut absolument les réparer, les guérir, les effacer. Comme si c'était des trucs "cassés" qu'il faut fixer. On peut se sentir obligé de bosser dessus non-stop, de les creuser, de les analyser sous tous les angles, dans l'espoir qu'un jour, hop, ils disparaîtront comme par magie.
Mais est-ce que c'est vraiment nécessaire de passer sa vie à vouloir "réparer" tout ce qui ne va pas en nous ? Est-ce qu'on doit toujours chercher à transmuter ces parts de nous pour les rendre plus "lumineuses" ou plus "légères" ? Peut-être pas, en fait.
Parce que parfois, juste accepter ces blessures, les regarder en face, sans essayer de les changer ou de les améliorer, ça suffit. C'est un peu comme accueillir un vieux copain qu'on n'a pas vu depuis longtemps. Ce copain, il a ses défauts, il est un peu cabossé par la vie, mais tu l'acceptes tel qu'il est, sans chercher à le "réparer". Tu le laisses s'installer dans ton salon intérieur, et tu apprends à cohabiter avec lui.

Nos blessures, c'est pareil. Ce sont des parties de notre histoire, des trucs qu'on a vécus et qui nous ont marqués. Plutôt que de les voir comme des ennemis à abattre, on peut choisir de les voir comme des morceaux de nous, des bouts de notre parcours qui nous ont construits. En gros, c'est arrêter de se dire "il faut que je guérisse à tout prix" pour se dire "ok, c'est là, c'est une part de moi, et c'est ok".
Quand on parle d'intégration, c'est un peu ça l'idée. Plutôt que de chercher à combattre ces blessures ou à les transformer, on leur donne une place. On les laisse exister, sans jugement. On leur dit : "Ok, tu es là, je te vois, et je t'accepte comme tu es". Et souvent, rien que ça, ça peut apporter une paix intérieure immense. Ce n'est plus un combat contre soi-même, mais une forme de réconciliation.
Et puis, il y a des moments dans la vie où oui, tu peux avoir besoin de bosser activement sur tes traumas, de les comprendre, de les analyser, peut-être même de faire un vrai travail dessus pour les transmuter. Mais ça ne veut pas dire que c'est une obligation, un passage obligé pour tout le monde, tout le temps. Parfois, le chemin le plus doux, le plus respectueux de soi, c'est juste de laisser ces blessures être là, sans les bousculer.
On a tendance à vouloir toujours "faire quelque chose", comme si on devait sans arrêt améliorer notre version de nous-mêmes, devenir "mieux", "plus heureux", "plus guéri". Mais on peut aussi choisir d'être simplement dans l'acceptation de ce qui est. Parce qu'au fond, nos blessures font partie de notre identité. Elles ne nous définissent pas complètement, mais elles ont contribué à ce qu'on est aujourd'hui.
Et si, plutôt que de se dire qu'il faut réparer ces failles, on se disait qu'on pouvait les accueillir ? Comme une vieille cicatrice qui fait partie de nous, mais qu'on n'a pas besoin de masquer ou de faire disparaître. Ce n'est pas un défaut, c'est juste une part de nous qu'on apprend à aimer, à accepter.
En fait, c'est un peu ça, la clé : arrêter de se voir comme "cassé" et de penser qu'on doit être "réparé". On peut être entier, même avec nos blessures. Et c'est peut-être en les intégrant, en les acceptant, qu'on trouve finalement cette paix intérieure qu'on cherche tous.
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