C'est fou comme parfois, on observe les gens autour de nous, et on a l'impression qu'ils sont coincés dans un schéma répétitif, enfermés dans leur propre folie. Ils restent bloqués sur les mêmes blessures, les mêmes traumas, et ça les happe entièrement. C'est comme s'ils se débattaient contre des chaînes invisibles, sans même s'en rendre compte. Et pourtant, je les comprends. Parce qu'on a tous été là, à un moment donné, prisonniers de nos propres blessures, aveuglés par nos peurs.
Je me souviens de ces moments où j'étais moi aussi coincé. Ce sentiment de tourner en rond, de ressasser encore et encore les mêmes pensées, les mêmes dialogues intérieurs. C’est épuisant. On se dit qu’on devrait passer à autre chose, qu’on pourrait tout simplement lâcher prise, mais ça ne se fait pas aussi facilement. C’est comme si, malgré soi, quelque chose nous retenait. Une partie de nous refuse de lâcher. On reste centré sur notre ego, sur cette idée que nos blessures sont la seule vérité. Et c’est là que ça devient insidieux. Parce que l’ego, il se nourrit de ça. Il se nourrit du drame, des vieilles histoires, des mémoires douloureuses. Et on se complaît dedans, sans même le réaliser.
Je me souviens d’avoir ressenti ce malaise. Ce tiraillement entre l’envie de tout lâcher, d’aller de l’avant, et cette force invisible qui me maintenait cloué sur place. Parfois, c'était comme une lutte intérieure, une bataille constante entre mes pensées. D’un côté, la voix de la raison qui me disait : « Allez, avance. Tu peux le faire. » Et de l’autre, cette voix plus sombre, plus sourde, qui chuchotait : « Mais si tu lâches ça, tu perds une partie de toi. » Et c’est là que l’angoisse monte, que le doute s’installe. Est-ce que je suis encore capable de me détacher de tout ça ? Est-ce que j'ai la force de laisser derrière moi ces histoires qui me définissent depuis si longtemps ?
C’est une expérience que je crois universelle. On a tous nos traumas, nos cicatrices, nos mémoires. Certains s’y accrochent plus que d’autres, et c’est ça qui m’interpelle. Pourquoi on s’y attache autant ? Parce que ça fait partie de nous, parce qu’on a construit une identité autour de ça, autour de la souffrance. Il y a un certain confort, même dans la douleur, parce que c’est du connu, du familier. Et l’inconnu, lui, fait peur.
Mais cette peur, elle finit par te bouffer. Elle te paralyse. Et plus tu te laisses engloutir par elle, plus tu te perds. Je l'ai ressenti dans ma chair. Ce moment où tu te rends compte que ta vie devient une série d’automatismes, un enchaînement d’actions répétées, parce que c’est plus simple que de remettre en question tes croyances, tes certitudes. C’est plus simple de rester dans cette folie intérieure que de plonger dans l’inconnu de la guérison. Parce que, oui, se guérir, c’est effrayant. Ça demande de faire face à soi-même, à ses ombres, à ses contradictions. Et beaucoup de gens ne sont pas prêts à ça.
J’ai eu mes propres moments de doute, de remise en question. Ce n’est pas toujours facile de se détacher de ces vieux schémas. Parfois, on se demande même si c’est possible. Mais il y a toujours cette petite étincelle d’espoir, ce moment où tu te dis que peut-être, juste peut-être, tu peux y arriver. Et c’est là que le vrai travail commence. Pas celui qui consiste à plonger encore plus profondément dans la douleur pour la comprendre, mais celui qui t’invite à la regarder en face, sans fuir, sans te cacher derrière des excuses.
C'est dans ces moments-là que j’ai appris à vraiment écouter, à vraiment sentir ce qui se passait à l’intérieur de moi. Les sensations sont intenses, souvent dérangeantes. C'est un poids dans la poitrine, un nœud dans le ventre, une pression qui monte à la tête. Parfois, ça prend la forme d'une rage sourde, d'une tristesse étouffante. Et c'est là, dans cet espace inconfortable, que tu dois t'ancrer. Ne pas fuir, ne pas chercher à apaiser immédiatement ces sensations, mais les accueillir. Parce que c’est là, dans ce chaos émotionnel, que tu trouves des réponses.
Et c’est là que je veux en venir : tant qu’on reste centré sur notre ego, tant qu’on se laisse dominer par cette illusion que nos blessures sont tout ce qui nous définit, on passe à côté de la vraie guérison. On reste figé dans cette folie, dans ce tourbillon de pensées négatives, et on se coupe du reste du monde, des autres, et surtout de soi-même.
Alors, oui, je comprends ces gens que je vois, ceux qui restent bloqués dans leurs propres histoires. Je les comprends parce que j'ai été à leur place. Mais je sais aussi qu’il est possible de s'en sortir. Ça demande du courage, de la persévérance, et surtout, d'accepter de se voir tel qu’on est, avec toutes nos ombres, mais aussi avec toute la lumière qu’on porte en nous.
C’est un chemin qui peut sembler interminable, mais chaque petit pas compte. Et au bout du compte, c’est ça qui fait la différence.
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