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À la croisée de mes symboles : une histoire de transformation

Photo du rédacteur: Pascal IvanezPascal Ivanez

Il y a des jours où je me retrouve face à moi-même, les mains posées sur un tambour, le regard perdu quelque part entre les souvenirs et les rêves. Ce tambour, je l'ai façonné de mes mains, l'ai tissé patiemment, presque comme on construit une partie de soi. À chaque coup de maillet, je sens la vibration parcourir mon corps, se propager comme une onde silencieuse jusqu'à mon cœur. C'est un dialogue intime, où chaque vibration me rappelle d'où je viens et qui je suis. Ce tambour, il porte mes racines, celles que j'ai déterrées à force de quête et de retour en moi-même.


Quand je pense à la chauve-souris, ce n'est pas seulement un symbole de la nuit et du mystère. C'est une partie de moi qui a appris à se frayer un chemin dans l'obscurité, à avancer sans toujours savoir où poser les pieds, guidé par quelque chose de plus subtil, de plus profond que la simple raison. Il y a eu des périodes de ma vie où tout semblait plongé dans le noir, des moments où l’on avance en tâtonnant, en écoutant ces échos que l'on se renvoie soi-même. Ce sont ces instants d'incertitude, de doutes intérieurs, qui m'ont appris à sentir au-delà du visible, à me faire confiance, même dans les heures les plus sombres.


À travers les voyages, les changements, les rencontres, je me suis souvent senti comme un étranger, un éternel voyageur. On dit que l'on voyage pour se trouver, et pourtant, combien de fois me suis-je demandé si cette quête avait un bout, un terminus ? Il m'arrive de ressentir un pincement, une sorte de tiraillement entre l'envie d'ancrage et ce besoin viscéral de bouger, d'aller plus loin, de découvrir ce qui se cache derrière la prochaine colline. Ce n'est pas une fuite, mais une façon de m’agrandir, d’évoluer, de ne jamais me figer dans une seule version de moi-même.



Et puis, il y a cette croisée des chemins, cet endroit en moi où se rejoignent les décisions et les doutes. C'est comme une place dans mon esprit, un carrefour où je m'arrête souvent pour peser le pour et le contre, pour sonder mes peurs, mes envies, mes espérances. Parfois, la route semble toute tracée, mais il suffit d'un regard, d'une rencontre, d'une sensation pour que le chemin prenne un autre tournant. Ces carrefours intérieurs, je les traverse avec une certaine appréhension, une dose d'adrénaline et beaucoup d'humilité, car je sais qu'ils marquent toujours un avant et un après dans mon existence.


Le lien que je cultive avec les autres est aussi empreint de ce voyage, de cette exploration. Dans mon métier de thérapeute, il y a cette dimension d’écoute, d’accueil de l’autre dans ce qu’il a de plus fragile, de plus caché. À chaque séance, j’ouvre une porte vers l'intimité de l'autre, mais aussi vers la mienne. C'est un étrange ballet entre la douleur, le passé, et cette lumière, parfois infime, qui éclaire le chemin. Je ressens parfois le poids de cette responsabilité, le frisson d’accompagner une âme vers sa propre guérison, et dans ces moments-là, je comprends à quel point je suis aussi en train de guérir une partie de moi.


L'artisan en moi, celui qui façonne tambours et colliers, tisse bien plus que des objets. Chaque création est un peu comme une offrande, un morceau de mon être transformé, matérialisé. C’est un acte de patience, de présence. Dans chaque corde, chaque tissu, chaque matière que je touche, il y a un peu de mon histoire, un fragment de mes réflexions, de mes joies et de mes douleurs. Parfois, en travaillant, je sens mes mains comme animées d’une volonté propre, comme si elles savaient déjà quoi faire, guidées par une force qui me dépasse.


Et au-delà de tout cela, il y a cette quête incessante de sens, ce besoin d’aller au-delà des apparences, de me connecter à quelque chose de plus grand que moi. C’est peut-être pour cela que je me retrouve, encore et encore, à revenir à ces symboles, à ces archétypes qui peuplent ma vie. Ils sont comme des balises, des repères dans ce vaste océan d'incertitudes. Ils sont la carte secrète que je porte en moi, celle qui me guide dans mes décisions, mes hésitations, mes explorations.


Alors, si je devais résumer cette vie faite de tambours, de chauves-souris, de voyages, d’écoutes et de créations, je dirais qu'elle est une invitation à danser avec le mystère, à se perdre pour mieux se retrouver, à accueillir les ombres comme on accueille la lumière. Il y a une beauté dans cette complexité, une harmonie fragile que je continue de chercher, jour après jour, pas après pas

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